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L’Arc-en-Ciel au 103.3 FM

Anick Gaucher, M.Ps., intervenante principale à L’Arc-en-Ciel, a été reçue à l’émission ALLER MIEUX au 103.3 FM!

L’échange porte sur un sujet crucial : la santé mentale des hommes. Il met en lumière le mutisme souvent associé aux troubles mentaux masculins, ainsi que les nuances propres à la santé mentale masculine. L’accent est mis sur les défis de communication et d’accès aux soins.

De plus, Anick invite tous et toutes à l’événement prévu le 8 mai 2024, visant à sensibiliser et à promouvoir la discussion ouverte sur ce sujet actuel et important.


Transcription de l’entrevue

Charles Gaudreau :  Daniel Richard de chez Phobie Zéro, bonjour.

Daniel Richard : Bonjour Charles.

Charles Gaudreau : T’es beau, t’es capable, comme chantait Bermuda.

Daniel Richard : Ah là, je me sens vraiment bien. Oui, tout à fait. Ça va bien avec la chronique de ce matin d’ailleurs.

Charles Gaudreau : Bien oui, être beau et être capable.

Daniel Richard : Oui, effectivement. Écoute, bon, je te rappelle que je suis de Phobie Zéro.  Nous sommes une organisation communautaire à but non lucratif qui vient en aide aux personnes qui ont des phobies, qui ont des troubles anxieux, qui ont des troubles compulsifs. Puis on va tout regarder ça avec les gens.

Charles Gaudreau : On partage, on communique. Bien intéressant comme débat.

Daniel Richard : On leur donne des outils aussi, comme par exemple, quand tu rumines constamment quelque chose, ça revient, ça revient. Qu’est-ce qu’on fait?

Charles Gaudreau : On écoute le FM 103.3

Daniel Richard  : Oui, c’est vrai.

Charles Gaudreau : Ta chronique principalement.

Daniel Richard   : Alors aujourd’hui, plus particulièrement, on va parler avec Anick Gaucher. Anick est psychologue de formation, puis elle a travaillé au CLSC pendant 20 ans, 5 ans en jeunesse, 10 ans en santé mentale adulte. Puis avec le maintien à domicile aussi. Puis en 2005, elle s’est réorientée dans l’enseignement collégial au niveau de la santé mentale. Puis elle est intervenante aussi principale à l’organisme L’Arc-en-Ciel des Seigneuries qui est à Varennes. Et elle va nous parler aujourd’hui particulièrement de la santé mentale masculine. Est-ce qu’il y a des spécificités?

Charles Gaudreau : Il y a beaucoup à dire là-dessus, même si nous autres, on ne dit pas beaucoup d’affaires.

Daniel Richard : C’est elle qui va nous en parler.

Charles Gaudreau : Bonjour Anick, Anick Gaucher.

Anick Gaucher : Bonjour messieurs.

Charles Gaudreau : Bon, est-ce que les hommes en général, on a des enjeux de santé mentale importants? On est-tu en santé ou on pourrait l’être plus?

Anick Gaucher : On pourrait l’être plus, ça c’est un objectif à viser. Mais dans les faits, ce qui est souvent un peu plus problématique pour les hommes, c’est que d’abord, il y a un grand silence sur la réalité de la santé mentale des hommes pour un tas de raisons, je dirais, sociologiques.

Charles Gaudreau : On a intégré bien des affaires.

Anick Gaucher : Oui, c’est ça. Il y a des modèles qui malheureusement continuent d’opprimer un petit peu la parole des hommes, particulièrement celle qui est en détresse puis la parole souffrante des hommes. Puis bon, on pense aussi souvent que la santé mentale des femmes et des hommes se présente de la même façon, avec les mêmes signaux, avec les mêmes symptômes. Mais ce n’est pas vraiment le cas. Les hommes ont un portrait différent et souvent ça passe en dessous du radar parce qu’on ne leur marque pas. Donc les hommes se retrouvent dans une grande solitude, une grande détresse. Je pense que ça vaut la peine, c’est quand même 50 % de la population, les hommes. Ça vaut la peine qu’on s’intéresse un peu à comment ça vit les troubles de santé mentale du côté masculin. Qu’est-ce qu’on peut faire pour aider les choses, pour parler, pour nommer, puis peut-être effectivement aider les hommes à s’exprimer, à aller chercher de l’aide.

Charles Gaudreau : Est-ce qu’on est encore à négocier dans ce qu’on disait, il me semble que ça fait des décennies qu’on dit ça, un homme ça parle pas, un homme ça pleure pas. Est-ce qu’on est encore dans cette dynamique-là qu’un homme, ça garde tout pour lui puis ça dit rien parce qu’on a intégré ça de père en fils? On est-tu encore dans cette dynamique-là?

Anick Gaucher : Il y a encore des choses qui restent de ce modèle-là parce que les hommes sont en transition de modèle. Les repères sont un peu flous. Est-ce que je peux me permettre de pleurer ou pas? Est-ce que je peux me permettre de dire ou pas? Mais il y a aussi le fait que dans la réalité qu’on a aujourd’hui, les services sont plus faits en fonction des besoins féminins. Les femmes en général vont exprimer plus leurs émotions. On pourrait parler de la biologie du cerveau puis un paquet d’affaires, mais ça, ça va être nos invités qui vont parler de ça le 8 mai. Il y a effectivement des différences biologiques qui vont jouer, mais des différences culturelles, sociologiques, qui font que c’est encore… Puis la stigmatisation aussi, c’est encore vu comme un échec d’avoir des troubles en santé mentale, d’avoir des difficultés. C’est difficile à verbaliser.

Charles Gaudreau : Est-ce qu’on est à mesure, Annick, de dire dans certains milieux, c’est plus difficile? Dans certaines générations, c’est plus difficile? Ou c’est un constat de… Bon, je sais que les hommes, c’est pas un bloc monolithique, mais est-ce qu’on dit… Peu importe le milieu, peu importe la génération, il y a encore un problème de fond qui est là, c’est qu’on communique pas, on garde tout pour nous. On met le couvercle puis on dit rien. Puis un moment donné, ça pète.

Anick Gaucher : Je dirais que c’est pas tous les hommes qui gardent le couvercle fermé, mais je dirais que selon les tranches d’âge, il y a des problématiques différentes. Comme, par exemple, chez les jeunes hommes, les jeunes adultes, le problème de la santé mentale est souvent en lien avec l’emploi. C’est difficile pour un homme de verbaliser ça parce qu’il a peur de perdre son emploi. Il a peur, par exemple, dans certains milieux où c’est très mal toléré, il a encore d’avoir des difficultés, même de prendre la médication en santé mentale. C’est vu comme un problème.

Chez les plus âgés, on ne le dit pas souvent, mais il y a énormément de suicides chez les hommes plus âgés. C’est vraiment… On parle de suicides beaucoup chez les jeunes adolescents, mais l’autre groupe qui est très, très sensible à tout le comportement suicidaire, c’est vraiment chez les 55 ans et plus, où il y a vraiment une pointe importante de comportements suicidaires et de comportements complétés au niveau du suicide chez les hommes les plus âgés.

Daniel Richard  : 55 ans et plus?

Anick Gaucher : Hum-hum, oui.

Charles Gaudreau : Mon Dieu, c’est quelque chose quand même, là.

Anick Gaucher : Parce qu’à 55 ans, c’est généralement là où il y a toutes sortes d’affaires qui se passent.

Charles Gaudreau : L’âge des bilans, des constats, de dire « Est-ce que j’ai réussi? Est-ce que j’ai bien fait ça jusqu’ici? » Puis on arrive à des constats, des fois, qui nous désolent.

Anick Gaucher : Et puis aussi toute la chimie physique, qui est un petit peu moins… Le corps est un petit peu moins en forme. L’homme, parfois, se définit beaucoup par ses capacités physiques. Donc si je ne suis plus capable de faire les choses que je faisais avant, si je suis moins fort, si je suis moins séduisant… Est-ce que la vie vaut la peine d’être vécue, finalement?

Charles Gaudreau : Oui, je vous dis que oui. Si on est moins fort à certains endroits… L’homme de presque 60 ans te dit Anick, ce matin, si on est moins fort dans certains départements en vieillissant, on se renforce dans d’autres.

Anick Gaucher : Oui, on y gagne d’autres compétences.

Charles Gaudreau : Tout à fait.

Daniel Richard  : Puis j’ai l’impression aussi que 55 ans, c’est aussi l’autre transition. On arrive à la retraite, donc on a été habitué à travailler. Probablement que les hommes ont été valorisés par leur travail. Et là, ils se dirigent vers quelque chose d’autre. Et cette appréhension-là peut mener au désespoir. Mais là, je ne sais pas. On va en savoir plus la semaine prochaine, je pense à ce sujet-là.

Charles Gaudreau : Le 8 mai. Donc parlez-nous de l’activité. On va terminer là-dessus, si vous voulez bien.

Anick Gaucher : Bien, en fait, notre organisme L’Arc-en-Ciel des Seigneuries organise à chaque année un événement grand public dans le cadre de la semaine de la santé mentale. Puis nous on appelle ça les rendez-vous de l’entraide. Donc on sort de notre petit groupe de membres et on offre une réflexion à toute la population.

Cette année, on a choisi de parler de la santé mentale masculine. On a invité trois hommes qui ont eu, effectivement, des difficultés au niveau de la santé mentale, mais dans trois sphères différentes. On a invité M. Luc Vigneault, qui est bien connu dans le réseau, effectivement, au niveau de la santé mentale. C’est un conférencier. Je pense qu’il y a un CV d’à peu près deux pages, trois pages. Bref, c’est une sommité dans le domaine.

On a invité aussi M. Jordan Dupuis, qui est une personne qui a été aux prises avec plus des troubles alimentaires. On pense souvent que c’est typiquement féminin. Mais non, de plus en plus, les hommes ont des difficultés au niveau de leur alimentation et de leur image de soi.

Et on a invité aussi M. Dominique Théberge, qui lui, dans le fond, est un survivant d’agressions sexuelles et qui va, effectivement, parler de son parcours vers le rétablissement. Lui, effectivement, il défend les droits, les causes sociales, tout ça. Donc, il a pris des éléments de vulnérabilité et il en fait des forces maintenant.

Donc, on trouvait ça intéressant d’avoir ces trois points de vue masculins qui nous parlent, effectivement, qui fait un bon tour de la situation de la santé mentale masculine.

Charles Gaudreau :  Donc, c’est le 8 mai prochain. Si on veut assister à ça, qu’est-ce qu’on fait?

Anick Gaucher : Ce n’est pas compliqué. Idéalement, on pourrait s’inscrire. Mais si, à la limite, vous ne voulez pas vous inscrire officiellement, vous pouvez juste vous présenter à l’Espace des Bâtisseurs à Varennes

Charles Gaudreau :  À l’Espace des Bâtisseurs, oui.

Anick Gaucher : À la Place du 350e. Et c’est le 8 mai à 18 h. De 18 h à 18 h 30, il va y avoir plein de kiosques qui touchent la santé mentale masculine, la santé mentale en général. Donc, vous pouvez faire un petit tour des kiosques. Puis après ça, il y a la présentation, effectivement, avec les trois messieurs dont je vous ai parlé. Puis moi qui vais être sur le devant de la scène pour essayer de faciliter tout ça. Alors, donc, notre organisme vous invite, à bras ouverts, pour toute la population, que vous ayez des difficultés en santé mentale ou pas, si le sujet vous intéresse. Puis on connaît tous des hommes. Ça peut être un chum, un frère, un père, un ami. Mais effectivement, d’être présent dans cette présentation-là, ça va peut-être nous mettre des petits clignotants sur certains comportements qu’on ne voit pas, qu’on ne remarque pas, mais qui peuvent être des signes de détresse chez les hommes.

Charles Gaudreau :  Voilà. Bien, merci, Anick Gaucher. Donc, bien, Daniel Richard en terminant.

Daniel Richard : Donc, c’est une invitation à cet événement-là, mercredi prochain. Et d’ici là, je vous rappelle que, par exemple, le jeudi soir, on a nos groupes d’entraide à Saint-Hubert, au 3339 Grand Allée. Puis je vous invite à venir faire un tour, puis parler un petit peu de santé mentale, puis comprendre des petits outils qui vont vous aider, dans le fond, à vivre une vie un petit peu plus enrichissante.

Charles Gaudreau : Donc, Phobies Zéro, on va sur le site phobie au pluriel, bien évidemment. Anick Gaucher, il y a un site aussi. Il y a-tu une adresse d’un site que vous pouvez nous donner en terminant?

Anick Gaucher : Oui, pour L’Arc-en-Ciel des Seigneuries.

Charles Gaudreau : Alors, on google L’Arc-en-Ciel des Seigneuries, tout simplement.

Anick Gaucher : Oui, et vous allez trouver notre page.

Charles Gaudreau : Merci infiniment, Anick Gaucher. Merci infiniment, Daniel Richard, ami.

Daniel Richard : Oui, merci Charles.


Merci à notre radio allumée sur la Rive-Sud pour l’invitation!